Il ressort de l’étude que la Belgique doit faire face à des coûts salariaux comparativement très élevés, principalement dus à des cotisations sociales élevées et sans plafond. Depuis le début de la crise, les coûts de cotisations sociales ont augmenté dans la plupart des pays examinés. Le coût de la vie et les frais de logement sont toujours considérablement moins élevés en Belgique que dans les pays européens considérés comme « riches ». Cette 4ème édition prend pour la première fois aussi en compte les frais de scolarité dans la comparaison des revenus nets disponibles. En Belgique, on argumente souvent que le citoyen paye beaucoup à l’état mais reçoit notamment en échange un enseignement gratuit et de qualité. L’étude démontre que l’enseignement public est quasiment gratuit dans la presque totalité des pays examinés.
Ce qui est également nouveau cette année, est l’analyse des retraites légales et extra-légales. Il y a des différences remarquables entre les pays examinés dans le rapport entre les cotisations sociales payées et la retraite légale minimum. Pour finir, des conventions collectives de retraite sont conclues dans 74% des pays examinés pour les revenus annuels supérieur à 75.000 €.
Les employeurs européens voient le coût de la main-d’œuvre augmenter
La Belgique et la France occupent encore les deux premières places en en matière de coûts de cotisations sociales sur les salaires, principalement en raison des taux élevés et d’absence de plafonnement. Dans 11 des 19 pays examinés, les employeurs voient les coûts de cotisations sociales augmenter en raison d’une augmentation soit de taux soit du plafond jusqu’auquel les cotisations sont dues. L’exception à la règle est les Pays-Bas qui ont abaissé le taux de la sécurité sociale de 2,12%. Patrick Derthoo, Tax Partner auprès de Deloitte Belgium et responsable de cette étude : « La Belgique doit toujours faire face à un handicap salarial en raison de cotisations sociales élevées en combinaison avec un salaire minimum légal élevé et une indexation automatique obligatoire ».
De plus en plus de pays appliquent un taux supérieur à 50%
Pour la première fois depuis le début de la crise, près de la moitié des pays examinés a soit augmenté le taux d’imposition soit modifié les tranches d’imposition par rapport à 2012. La conséquence directe de cela est qu’un taux supérieur de 50% est en vigueur dans 8 des 19 pays examinés. Le gouffre entre la Belgique et le reste de l’Europe s’amenuise petit à petit en matière de taux, mais en Belgique les 53,5% de taux marginal sont déjà appliqués à partir d’un revenu imposable de 37.330 €.
Un isolé est plus lourdement imposé en Belgique qu’une personne mariée qui a un conjoint sans emploi et 2 enfants à charge. La différence en terme de pression fiscale oscille en Belgique grossièrement entre 4.000 € et 5.500 € par an mais l’étude démontre que la différence peut être plus importante dans d’autres pays (jusqu’à 14.090 € à Genève). La grande majorité des pays examinés donne donc un incitant fiscal au conjoint sans emploi et aux enfants à charge. En Suède et au Royaume-Uni, aucune différence n’est faite sur la base de la situation personnelle. Dans sa lutte contre la crise, la Grèce a également pris des mesures qui font que les isolés ne sont plus imposés plus lourdement à partir de 2013.
Le Belge vit toujours bien
Les frais de logement et de coût de la vie connaissent une baisse générale en Europe. Contrairement à la tendance européenne, ces frais augmentent légèrement en Belgique. En raison de cela, la Belgique doit céder quelques places dans le classement du revenu net disponible. Pourtant, la Belgique reste attractive pour y vivre et habiter. Bruxelles est toujours considérablement moins chère qu’entre autres Amsterdam, Luxembourg, Londres, Genève et Paris. Contrairement aux résultats de l’année dernière, l’écarte réduit. Le coût de l’enseignement primaire et secondaire a également été examiné cette année mais cela n’a pas eu d’impact sur l’ordre du classement ; quasiment tous les pays examinés offrent un enseignement public gratuit.
Malgré le fait que la Belgique ne semble pas être l’endroit idéal pour établir quartier général, en raison de son handicap salarial, mais elle est pourtant compétitive. En effet, les sièges sociaux emploient des cadres internationaux qui entrent en ligne de compte pour le statut d’expatrié.
Les coûts salariaux belges rentrent dans le rang
En terme de revenu net disponible, la Belgique est même en tête si l’on limite la comparaison à nos principaux concurrents en terme d’attractivité pour les sièges sociaux, à savoir les Pays-Bas, le Luxembourg, l’Irlande et la Suisse. L’effet est toutefois compensé à l’impôt des sociétés. Pour les entreprises actives dans le secteur de la recherche et du développement, la Belgique a réussi à diminuer de façon considérable son handicap salarial, en adoptant des mesures favorables au R&D. Cette mesure permet aujourd’hui aux employeurs Belges de récupérer immédiatement 80% du précompte professionnel dû sur des emplois dans la recherche et le développement. En appliquant cette mesure, les entreprises belges se positionnent avantageusement dans les catégories de salaire les plus élevées sur les principaux concurrents dans ce secteur, à savoir la France, l’Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Suisse et le Royaume-Uni.
Patrick Derthoo : « En dehors des Pays-Bas, aucun autre pays ne dispose d’un tel système avantageux et structurel qui favorise la recherche et le développement aussi fortement. Une promotion plus efficace de cette mesure importante pour le R&D pourrait peut-être mieux placer la Belgique sur le plan international ».
Les épargnants européens sont de nouveau taxés plus lourdement
Les revenus de l’épargne sont toujours soumis à une imposition plutôt moyenne en Belgique. Les taux belges en vigueur en 2013 s’approchent de nouveau du taux européen moyen en vigueur sur les intérêts (à savoir 24% par rapport à 23,42% en 2012) comme sur les dividendes (également 24% en 2013 par rapport à 25,13% en 2012). Nonobstant le taux moyen européen stable sur les intérêts et les dividendes, l’Irlande, la France, le Portugal, la Grèce, le Luxembourg, la Slovaquie, la Belgique et le Danemark ont augmenté les taux et/ou les tranches applicables sur les intérêts, les dividendes et/ou les plus-values l’année passée.
Des cotisations élevées pour la sécurité sociale
Il y a des différences remarquables entre les pays examinés en ce qui concerne le rapport entre les cotisations sociales payées et la retraite légale minimum. D’une part, le Luxembourg, l’Irlande et Malte forment le groupe de pays où les retraites minimum sont proportionnellement plus élevées que les cotisations pour la sécurité sociale et d’autre part, il y a le groupe de pays où les retraites minimum ne représentent qu’une fraction des cotisations sociales. Curieusement, la France appartient à ce groupe. L’employeur et l’employé Belges payent à un pays près les cotisations de retraite les plus élevées dans la situation examinée et la retraite légale minimum à laquelle le retraité Belge a droit s’élève à 58% de ces cotisations.
La constitution d’avantages pour la retraite peut se faire également par le biais de l’employeur (2ème pilier). C’est même une obligation en Suisse et depuis 2012 également dans le Royaume-Uni. C’est plutôt remarquable, puisque l’étude démontre que les conventions collectives de retraite n’existe pas ou rarement dans plus de 60% des pays examinés pour les revenus inférieurs et sont par contre quasiment la règle pour un revenu annuel supérieur à e 75.000 € dans 74% des pays examinés.